Olga à Paris – Pourquoi y-a-t-il si peu de réfugiés ukrainiens en France ?
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À la suite de l'invasion brutale de leur pays par la Russie en février 2022, des millions de réfugiés ukrainiens ont quitté leurs terres. Fin décembre 2022, 4,9 millions d'entre eux avaient déjà demandé la protection temporaire dans l'Union européenne ou dans d'autres démocraties européennes.
Le 4 mars 2022, les ministres de l'intérieur des Etats membres l'UE ont activé la directive sur la protection temporaire, déclarant que « l'existence d'un afflux massif dans l'Union de personnes déplacées qui ont dû quitter l'Ukraine en raison d'un conflit armé est constatée. » En conséquence, les citoyens ukrainiens et les membres de leur famille pouvaient demander à bénéficier d'une protection temporaire sans procédure d'asile. Les Etats membres de l'UE s'engageaient, donc, à leur offrir le droit au séjour et le droit à l'accès au marché du travail, au logement, à l'aide sociale, à l'aide médicale ainsi qu'à toute autre aide, mais aussi, aux « moyens de subsistance ».
Il s'agissait là de trouver une réponse rapide devant la plus grande crise des réfugiés que l'Europe ait connue depuis les années 1940. Les Etats membres de l'UE ont, chacun, adopté une législation nationale pour accorder cette protection temporaire aux réfugiés ukrainiens. Le Danemark, l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse, bien qu'ils ne soient pas tenus de suivre l'exemple des Etats membres de l'UE, ont mis en place un dispositif similaire.
La protection temporaire était initialement accordée pour une année. Le 10 octobre 2022, Ylva Johansson, commissaire européenne chargée des affaires intérieures, a annoncé, à l'issue d'une réunion du Conseil « Justice et affaires intérieures », que « la directive sur la protection temporaire restera en vigueur au moins jusqu'en mars 2024. »
Depuis début mars 2022, près de 5 millions de réfugiés ukrainiens ont demandé la protection temporaire. La Tchéquie et la Pologne ont reçu le plus grand nombre de demandes par habitant : plus de 4 pour cent de leur population. Six autres pays ont reçu un nombre s'élevant à 2 pour cent ou plus.
Ces huit pays ont, donc, reçu 2,5 millions de demandes. Ces chiffres sont remarquables : il y a plus d'Ukrainiens qui ont demandé la protection en Tchéquie (11 millions d'habitants) qu'en France, en Italie et en Espagne, tous les trois pays réunis (174 millions d'habitants).
1,2 million de demandes ont été soumises dans quatre pays : l'Irlande, l'Allemagne, le Luxembourg et l'Autriche. Ces quatre pays ont reçu un nombre équivalant à 1 à 2 pour cent de leur population.
Plus d'Ukrainiens ont demandé la protection en Bulgarie (7 millions d'habitants) qu'en France (68 millions d'habitants).
Comment expliquer cette répartition inégale des demandes de protection temporaire ?